tw : décès, adoption, accident

c'est une catastrophe naturelle comme une autre, une parmi des centaines d'autres. on n'a rien pu y faire, il en est l'un des survivants et papa, maman, eux, ne l'ont pas été. âgé de trois ans et le voilà devenu orphelin.
alors, comment faut-il appréhender l'avenir ?

il se passe un an, il s'en écoule autant de jours à ses yeux. les histoires sont tristes à l'orphelinat, elles défilent, elles deviennent la mauvaise graine et il est l'un des seuls à ne pas se laisser attraper. rattraper, parce qu'il y a toujours une once de lumière quelque part. il ne se souvient plus très bien d'avant, il préfère penser à ce que l'on appelle le futur malgré son jeune âge.
et la mauvaise graine devient un léger bourgeon. il éclot doucement aux mots que chaque enfant orphelin ou abandonné se voit rêver d'entendre. il y en a deux, deux parents. deux papas. prêts à lui offrir de l'amour, prêts à lui offrir une seconde chance.

mais c'est l'un des deux papas qui pleure le soir quand ce n'est pas lui parce qu'il est malade. malade à la vie, malade au coeur. petit enfant essaie de rassurer son papa, essaie de lui expliquer que ça ira et espère prendre une part de son chagrin pour l'alléger un petit peu. il comprendra plus tard qu'il n'y a pas de remède exhaustif à la dépressif et qu'il faut laisser le temps au temps.
il grandit no amh. on se moque souvent de lui, il n'a ni papa, ni maman et en plus, il a été adopté par deux hommes vivant ensemble. loin de se laisser faire, il rétorque, se rebiffe du haut de ses petits centimètres. il est vaillant, le coeur à l'âme, prêt à tout pour défendre ce qu'on a pu lui offrir par miracle. ses deux papas en rigolent, parfois le grondent de cette impulsivité qui agit non sans conséquence.

il comprend, bien sûr qu'il comprend comme tous les enfants et c'est ce qui lui cause ces premiers accès de solitude. à l'école, il a beaucoup d'amis, à la maison, il rapporte de bonnes notes. cela est-il suffisant ? ce sont probablement à cette époque que les premières notes de sa mélodie se sont écrites.
plongé dans la musique, plongé dans un univers qu'il sait qu'il sera incapable de s'en défaire. il demande pour une fois, il insiste. il veut jouer de la guitare, faire partie d'un groupe et conquérir le monde. toutefois, les rêves ne sont que des rêves et ils s'étouffent avec l'âge. ils se brouillent lorsqu'un être cher finit plongé dans le coma.

je ne sais pas, papa. je ne sais pas comment c'est arrivé. on était à l'arrêt de bus, c'est impensable. cet homme lui a juste posé une question et après, après il lui a tiré dessus. il lui a tiré dessus ! il a tiré sur papa ! je-je n'ai rien pu faire ! il s'est enfui, est-ce que je vais m'en souvenir ? est-ce qu'ils vont le retrouver ? dis... est-ce que papa va mourir ?

fin du lycée.
il suit une licence d'ingénieur du son, la vie continue sur sa lancée. sauf que le monde est devenu fade. quotidien lambda qui se met en place, se lever le matin, prendre soin de son père malade, ouvrir le café, aller en cours, de temps en temps se produire sur scène avec son groupe, participer lui-même à des concerts en tant que spectateur, faire la fête, oublier, rencontrer quelqu'un, lui, celui qui a l'air de vouloir oublier comme lui, tomber amoureux, s'en vouloir, se sentir trahir, fermer le café.

puis papa se réveille. l'obscurité devient moins dense quand pourtant le coeur est en vrac. de toute façon, il n'y a que lui qui est amoureux et il décide de suivre ses deux pères qui veulent rentrer en Corée du Sud.
ce sera mieux comme ça.

jusqu'à ce que le destin en décide autrement et qu'il ne reste sur Oakwood.

vrac// il a été adopté en Corée du Sud mais ils ont rapidement déménagé en Angleterre par la suite ; il fait souvent des expériences capillaires surprenantes ; il est piercé aux oreilles, se vernit les ongles et aime porter des lentilles de couleurs ; il est petit à tel point qu'il a en général des compensées aux pieds ; son groupe performe essentiellement des reprises sur scène, s'essaie quelques fois à leurs compositions ; etc.