oh please, don't tell me I'll not stand you

w/ @Gabriel Delcourt
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Le samedi, Eleanor ne s’ennuie jamais. Elle commence la journée par ses cours de yoga au centre wellness, ce qui l’occupe toute la matinée. Ensuite, elle s’occupe généralement de la rénovation de sa maison et de ses fournitures. Depuis le temps qu’elle y est maintenant, et respectant toujours le voisinage en n’entreprenant aucun travail bruyant le dimanche, elle a compris qu’elle y passerait plus de temps que prévu. Tout est vivable à présent, bien évidemment, mais il y a toujours des extras ou des pièces à perfectionner. Parfois, c’est aussi simplement parce qu’elle a besoin de changement ou trouvé une nouvelle pépite sur une brocante. Aujourd’hui, Ellie a prévu de faire sa peau à une desserte qu’elle a récupéré en mauvais état. Repeint par-dessus un vernis dans une couleur criarde qui ne va pas le moins du monde avec son propre décor. Sur sa terrasse, la blondinette a sorti ses lunettes, son masque et sa ponceuse. Après quelques heures, après avoir été dans les moindres détails des moindres recoins pour tout poncer à la perfection, Ellie se redresse et pose les poings sur ses hanches. « Voilà qui est fait. » se félicite-t-elle, admirant une partie de son œuvre. « Plus qu’à te refaire une beauté, maintenant. » pense-t-elle à voix haute. Elle enlève son masque et ses lunettes, vérifie l’heure qu’il est à sa montre. Elle hoche la tête. Oui, il lui reste encore le temps d’entamer le vernis avant qu’elle ne rejoigne des amis au restaurant ce soir. Et là, ça lui revient en mémoire. « Oh merde, faut que je file ! » s’exclame-t-elle. Eleanor se parle souvent à elle-même, surtout avec des réflexions de ce genre. Elle vient de se rappeler que, la veille au soir, elle s’était rendu compte qu’il ne lui restait plus qu’un maigre fond de vernis dans son pot et que ce serait bien loin d’être suffisant pour terminer la desserte qui se tient devant elle. Ni une ni deux, elle embarque ses clés et sa veste en jeans pour prendre le cap de la quincaillerie. Mal garée entre deux places, la Jones ne se formalise pas. Le magasin devrait fermer d’ici quelques minutes et elle ne pense pas gêner quelqu’un vu le nombre de places restantes autour d’elle. Pressée, après avoir salué le gérant à la caisse, la blonde traverse les rayons qu’elle connait presque par cœur en direction des peintures. Elle s’avance au milieu des pots pour arriver à hauteur des vernis. La tête penchée vers son téléphone où elle a pris une photo avec la référence de celui qu’elle possède déjà et dont elle a besoin, elle relève enfin la tête, les données en tête. Une autre personne se trouve dans le rayon, un pot de vernis entre les mains. De son côté, elle parcourt rapidement les références en rayon, jusqu’à trouver l’étiquette du produit qu’elle convoitise. À cet endroit, le rayon est vide. Elle lâche un petit juron entre ses dents, à peine audible, puis revient à ce jeune homme et au pot qu’il tient entre les mains. C’est lui. C’est le produit dont elle a besoin. Le dernier. Elle patiente quelques secondes, mais le brun a l’air concentré sur les informations inscrites sur l’étiquette et ne relâche pas le vernis. Elle s’éclaircit alors la voix. « Hum, bonjour. Excusez-moi. Est-ce que c’est de ce produit-là que vous avez besoin ? Je peux peut-être vous conseiller ? » propose-t-elle.

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w/ @Gabriel Delcourt
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Quand Eleanor a posé ses valises à Oakwood, elle a trouvé cette ville très calme, très vide aussi. Si c’était exactement ce qu’elle était venue chercher, cela lui a tout de même valu quelques coups de cafard. Heureusement elle a vite appris qu’en discutant avec n’importe qui dans une petite ville, on se fait rapidement des connaissances et des amis. Adopter son chien Rio et s’inscrire dans quelques clubs l’a beaucoup aidé à nouer des liens et petit à petit, elle s’est apaisé. Petit à petit, elle a trouvé sa place. Petit à petit, elle a compris qu’elle n’avait pas envoyé son passé balader pour rien. Que tout ça avait un sens et qu’il suffisait de se laisser porter. Avec le temps, Eleanor s’est essayée à diverses occupations. Parmi celle-ci, la rénovation de meubles et le bricolage furent essentiels. De ses mains, Ellie a appris à rafistoler, construire, assembler. Dans un premier temps, l’upcycling était une nécessité pour rénover sa maison à moindre coûts. À force, c’est devenu un passe-temps, et puis une passion. À présent, il n’y a pas un dimanche où la blonde ne sort pas son nez dans les brocantes avoisinantes à la recherche de la petite touche qui rendra son intérieur un peu plus original (ou particulier, tout dépend du point de vue). En plus des réunions au club auxquelles elle participe quelques fois par moi, la jeune femme est presque devenue une experte en la matière. Elle sait aussi, avec l’expérience, que le diable se cache dans les détails et que c’est ce qui peut faire toute la différence lors d’une rénovation. Voilà pourquoi il est impensable qu’elle choisisse un autre produit que celui dont elle a besoin. Car elle a étudié le bois et les métaux dans presque toutes leurs matières et sait que c’est ce qu’il lui faut. Et ce n’est pas le beau brun qui se tient devant elle qui l’empêchera d’arriver à ses fins. Il lui sert un sourire et des excuses polies qui cloueraient presque le bec de la Jones. Parce que dans un premier temps, elle ne comprend pas pourquoi il s’excuse de l’heure. Si bien qu’elle vérifierait presque sa montre. L’instant est court mais elle comprend, alors elle le rattrape dans l’allée. « Oh non, excusez-moi, il doit y avoir erreur. Je ne travaille pas ici. » Elle pose les bases pour qu’ils se comprennent mieux cette fois, et puis exprime clairement son problème. « À vrai dire, j’étais venue chercher le vernis que vous tenez dans les mains. » Elle lui sourit mais sait que ce ne sera pas suffisant. « J’ai utilisé celui-là, exactement, pour d’autres meubles et j’aimerais beaucoup finir ce que j’ai entamé avant le repas que j’ai ce soir avec des amis. » explique-t-elle, partant dans des détails inutiles. « D’où ma question. Parce que si vous pouvez vous permettre de prendre un autre vernis, alors nous repartirions tous les deux satisfaits. » propose-t-elle. Elle hausse les épaules et fait une légère moue dans une mignonnette qui lui est propre. Les yeux bleus du jeune homme lui accorderont-ils sa clémence ?