Cage dorée dont un oiseau ne devrait pouvoir s’échapper.   À quelques détails près, Elizabeth a toujours été préservée du ‘vrai’ monde et de ses ‘travers’. Née au sein d’une famille noble où le nom de famille est un titre qui se transmet de génération en génération, elle sera le seul enfant à naitre au sein de cette union. Cajolée, choyée, chérie. Une enfant en qui les parents ont placé tellement d’attentes. Les codes de bienséance sans cesse appris, jusqu’à ce qu’ils soient inscrits en elle. D’obligations en obligations, Elizabeth a grandi au sein d’un foyer aimant où elle n’a jamais manqué de rien (que du contraire) mais coincé sur ses principes et ses traditions. Des valeurs transmises de génération en génération, une route toute tracée. Un bel avenir. À leur image. 18 ans  L’excitation et l’impatience jusqu’au bout des ongles. Son premier rallye. Oh non, on est bien loin du rallye automobile comme vous semblez le comprends. Les rallye mondains, dans la haute société, ce sont ces soirées organisées par les familles pour que leurs enfants rencontrent les enfants des autres bonnes familles, tout en espérant créer des unions prospères. Ce n'est pas obligation, non. Mais il est fortement recommandé de trouver son futur époux parmi ceux-ci. Elizabeth est belle. Elizabeth est radieuse. Elizabeth a bien ancré en elle tout ce qu'on lui a transmis. Et d’être présentée comme une Lady, Elizabeth a attendu cela toute son enfance. Oxford  Oxford. Inscrite depuis la maternelle. Ou presque. Une place m’y a toujours attendue. Une évidence. L’excellence pour seul mot d’ordre. Elizabeth a décidé d’y suivre un cursus en histoire et économie pour finir par réaliser son master en histoire anglaise locale. Cet attrait pour sa nation et son territoire, ça a toujours été passionnel. Une bibliothèque remplie de livres qui ont conté les histoires de ce pays aussi grandiose que fragile. Habituée à fréquenter des châteaux et propriétés préservés des dégâts du temps et fascinée par l’archéologie de certain d’entre eux, la jeune fille a également toujours eu à coeur de voir ce patrimoine prospérer à travers le temps, tout comme ces pierres ont traversé les derniers siècles. Également attachée au patrimoine culturel immatériel, l’attrait pour les fêtes et célébrations en leur nom a toujours été ressenti également. C'est sur les bancs des amphithéâtres qu'elle rencontrera celui qu'elle pensera devenir son futur époux. Si certaine d'elle. Si certaine de suivre le bon chemin. Si certaine de suivre ses désirs et non ceux de ses parents. Si certaine de tout. Naïve, surtout. Première fois dans un pub   Voyage scolaire, quelques jours ailleurs. Elizabeth et ses copines se font embarquer par leurs camarades. Oh aller, laisse-toi aller, pour une fois. Elizabeth ne sait pas comment on fait pour se laisser aller. En ce début d'hiver, il fait bien froid dehors. Elle s'excuse en se disant qu'elle est obligée de pousser la porte de l'établissement si elle ne veut pas mourir de froid dehors. En une fraction de secondes, elle découvre un monde. Un monde autre que le sien qui lui a toujours été décrit mais qu’elle n’avait jamais vraiment rencontré. Un monde qu’elle imaginait autrement. À mille lieues de l’effervescence qui se dégage de cet endroit. Un sourire de dessine sur les lèvres de la Byron. Le début de l'ivresse. Elle a envie d’embrasser ce monde-là. D’y prendre part. De s’y baigner. D’y flotter. C’est excitant. Bien plus que tout ce qu’elle a vécu jusqu’ici. Comment a-t-elle fait pour rester ignorante pendant tout ce temps ? La tête de l’étudiante gigote au rythme de la musique, de même que son corps. Il faut qu’elle reprenne son souffle. Il faut qu’elle reprenne un verre. Et là, de l’autre côté du bar, il y a ce regard. Et la rencontre entre deux âmes que tout oppose. Le début de tout.  Il la transperce, la regarde comme aucun garçon ne l’a jamais regardée. Les lèvres de la jeune fille tremblent alors qu’elle s’approche des prunelles pour se présenter. Elle n’a jamais fait ça. Mais on ne l’a jamais vue comme il la voit. Car elle en est certaine. Cet inconnu voit qui elle est. Et elle qui pensait qu’elle avait tout juste, que sa vie était toute tracée et qu’elle n’aurait jamais de questions à se poser… son univers en est tout retourné. Comment ? Un souffle. Une voix. Une caresse. Un murmure au creux de l’oreille. Un baiser dans la nuque. Comment des choses aussi simples peuvent-elles la faire se sentir aussi vivante ? Elle ne savait pas, avant aujourd’hui et les semaines qui suivirent, qu’il était possible de sentir son sang circuler à travers ses veines. Qu’il était possible de trembler comme une feuille devant ce que notre corps désire. Qu’il était possible de vivre plus intensément, de se laisser guider par autre chose que la raison et les souhaits que d’autres ont placés en vous. Qu’il était possible de ressentir tout, en mieux. Papa et maman vont le détester, ce gars-là. Dawkins.  Ah non, papa et maman n’ont jamais rêvé de ce mariage-là pour elle. De ce lieu. De cette robe. De cette décoration. Et encore moins de ce nom-là accroché au sien. Ils seront présents, cependant. Pour célébrer l’union entre leur fille et le roturier qui a volé son cœur. Elle sait qu’ils lui en voudront toute sa vie d’avoir fait ce choix-là. Mais elle sait aussi qu’ils l’aiment trop que pour ne plus lui parler. Ils acceptent Oswald, parce que leur fille les a supplié pendant deux ans. Parce qu’elle sait aussi qu’un jour, ils seront grands-parents et ne souhaiteront pas être des inconnus aux yeux de leurs petits-enfants. Elle sait qu’elle ne fera plus jamais leur fierté, mais aujourd’hui, elle s’en contre fiche. Parce qu’aujourd’hui, Oz passe la bague au doigt de sa Lilibeth et qu’ils ont prévu de faire une teuf d’enfer pour célébrer ça. Baby on board.   Elizabeth n’a jamais voulu accrocher ce genre de message à sa voiture. Elle a toujours trouvé ça d’un ringard. Et la voilà au beau milieu du rayon, à supplier son mari et futur père de bien vouloir craquer pour le lui acheter. Les hormones. Fichus hormones. Ça vous fait faire des trucs que vous regretterez ensuite et voudrez jeter à la poubelle. Non. Pas le bébé. Lui, on le garde. Mais le sticker, on jette. Elizabeth se sentait déjà comblée avec Oswald dans sa vie, mais quand Emrys est venu au monde, c’est encore une nouvelle réalité qui est venue la frapper en plein visage. Un monde rempli d’amour. Un amour maternel qui dépasse les limites de l’imaginable. La notion d’infini a d’ailleurs très certainement été inventé par une mère. Il ne peut en être autrement. Un amour instantané, vrai, sincère, protecteur, tendre, doux, incroyablement robuste. Un amour pour ce petit être qu’elle vient de mettre au monde qui ne la quittera jamais. Un être humain à qui elle pardonnera tout. Un petit garçon qu’elle protègera et qu’elle couvrira. Une personnalité qui se forgera sous son regard bienveillant. Un p’tit gars qui lui en fera voir de toutes les couleurs, mais pour qui elle se réveillera à n’importe quelle heure de la nuit, et ce même passé sa majorité. Ce n’est jamais assez.   Et quand elle pensera qu’elle avait déjà tout, la vie lui sourira encore. Un sourire sur le visage si pur de Edel, reflet sur celui de son père et de son grand frère. La princesse est arrivée bien des années après son grand frère. Il aura fallu du temps pour que le corps d’Elizabeth pardonne la tromperie de son mari. Celle qui s’est produite avant même que Emrys ne viennent au monde, alors qu’Oswald et elle n’étaient qu’un couple de jeunes mariés. Du temps pour qu’ils se (re)construisent. Du temps pour pardonner et avancer. Mais comprendre avant tout qu’ils sont une famille et que la lumineuse Eden vient les égailler. Elizabeth se retrouve dans ses prunelles qui pétillent, dans le tracé de cette bouche. Et ce n’est qu’alors, qu’elle se sentira complète. Lève le menton et tiens-toi droit.   L'éducation qu'Elizabeth a transmis à ses enfants n'est pas aussi stricte que celle qu'elle a reçue. Mais, aidée par leurs fiers grands-parents, elle leur a appris à être capable de se fondre dans la masse. Savoir se tenir à table n'est pas une expression, chez les Byron, mais bien une chose qu'ils savent mettre en application. Elle leur a transmis les codes de la bienséance, les a rendu capable de sembler intéressé par n'importe quelle conversation et de l'alimenter. Cependant, elle ne les a jamais forcé à rien, et à la maison, ça a toujours été plus cool (ce qu'elle doit à 100 % à son mari). Quand sa famille ou l'un d'eux se joint à elle, c'est parce qu'il en a envie. Même Oswald s'est parfois prêté au jeu. Parce qu'il sait, dans le fond, que malgré tout, il y a de temps en temps des obligations. Si tu joues le jeu, ne culpabilise pas de t'y faire prendre.  Il y a ces journées et ces week-ends que la conservatrice du patrimoine est obligée de passer ailleurs. Ces séminaires où ils se retrouvent entre professionnels. Ces quelques jours où elle se retrouve en sa présence. Il appartient à une autre nation, celle d’Ecosse. Il est beau comme un dieu, un corps taillé dans le marbre digne des plus belles sculptures grecques. Il a la voix rauque et chaude, ce regard de tombeur. Il est veuf depuis bien des années et n’a jamais caché à Elizabeth son admiration pour elle. Pour sa beauté. Pour son intelligence. Pour sa vivacité d’esprit. Pendant les réceptions d’affaires, ils ne sont jamais bien loin l’un de l’autre. Avec lui, Elizabeth flirt. Parce qu’un flirt n’a jamais tué personne. Parce que sous son regard, elle se sent femme. Elle se sent puissante. Ils se cherchent, jouent, mais ne dépassent pas les limites. Enfin. Jusqu’à ce baiser. Passionnel, bien loin d’être chaste, retenu. Elizabeth a posé les doigts sur ses lèvres. Comme pour y gouter encore alors qu’elle se demandait ce qu’elle venait de faire. Elle s’est excusée et a continué sa route dans le couloir jusqu’à sa chambre. Le lendemain matin, elle a quitté la convention aux petites heures, prétextant ne pas s’être sentie bien. Elle est rentré chez elle et n’a cessé de culpabiliser. Et après ?  Après toutes ces années. Après les habitudes et une routine bien ancrée, que reste-t-il ? Elizabeth relève le nez de son bouquin et dirige son regard vers son mari, assis dans le canapé à même pas un mètre d’elle. Que sont-ils devenu ? Que reste-t-il des amants fougueux qu’ils étaient ? Des époux qui ont fondé une famille, un foyer ? De cette femme et de cet homme qui se sont tiré vers le haut dans bien des domaines ? Pas grand chose. Rien. La femme réajuste ses lunettes sur son nez, veut se replonger dans sa lecture mais n’y arrive pas. C’est à donc à ça que ça ressemble, quand on réalise que c’est la fin ? On fait le bilan, un bilan bien maigre. On met son bonheur sur une balance pour jauger si c’est encore assez. On réalise que ça ne l’est pas. On ne se demande pas spécialement pourquoi. Parce que dans le fond, on le sait. Aussi évident que lorsqu’elle est tombée amoureuse de lui, il est évident qu’aujourd’hui ils ne sont plus. Le cœur de l’épouse rate un battement. Pas parce qu’il lui coupe le souffle, cette fois. Mais bien parce que dans le fond, ça fait mal. Fuir.   Parce que c’est plus facile. S’occuper l’esprit. Parce que chaque seconde passée à ne rien faire est une seconde passée à ruminer. Et à risquer de se rendre compte de la réalité. Enchainer les déplacements et les heures terrée dans son bureau. Ne plus voir beaucoup ses enfants mais ne pas se rendre du compte du mal que ça leur fait. Car c’est son propre mal-être qu’elle cherche à éviter, Elizabeth. Elle ne se rend pas compte des dégâts. Elle ne se rend pas compte qu’ils commencent à se rendre compte. Que leur famille part en lambeaux. Que papa et maman commencent à avoir chacun leur vie, de leur côté. Ils vivent pourtant encore sous le même toit. Mais pour combien de temps encore ?

En vrac  Se présente toujours sous son prénom complet. Ceux qui lui attribuent un diminutif le font parce qu’ils lui sont proches – N'est pas vraiment fan des animaux de compagnie. Chiens et chats laissent des poils partout. – Bureau toujours impeccable. Jamais un dossier qui traine sur le coin du bureau à la fin d'une journée. – Adepte du jogging depuis l'adolescence, Elizabeth faisait même partie du club d'athlétisme dans sa jeunesse. – En bonne Oxfordienne, elle adorait et adore encore les courses d'aviron. – Mauvaise anglaise pas du tout adepte de thé, carbure plutôt à la caféine comme une américaine. Pitié, que ça ne se ressente pas trop. – Aime travailler dans un environnement calme et silencieux. Ne supporte pas le son d'une radio ou d'une télévision qui fonctionne pour rien. – N'allume d'ailleurs généralement son téléviseur que pour visionner les infos. – Investie dans sa ville et sa communauté pour tout ce qui concerne l'organisation d'évènements permettant aux habitants de se rassembler.