(mother) tu n’as que six ans lorsque la maladie l’emporte. Rien ni personne n’a pu empêché cette nature cancéreuse de la prendre d’assaut. On ne te donne pas d’explications. On ne te donne pas de raisons sur le ‘pourquoi elle’. En soi, tu t’en moques que ce soit un cas parmi des milliers, tu t’en moques que ce soit un mauvais coup du sort ou encore que ce soit juste ou pas. Du haut de ton jeune âge, tu vois simplement l’être que tu aimes le plus être affligé par les traitements, les douleurs, avant de te dire un au revoir tout simplement définitif. Ca te blesse. Ca te brise. Ca créé ce vide profond en toi que seul le retour de l’être aimé et perdu pourrait combler. Tu te confrontes au deuil qu’un enfant n’est jamais prêt à affronter, ni même à accepter, fusse-t-il jeune ou adulte. Tu n’en n’as pas le choix. Plus que tu ne le penses, ça t’enfermes, ça t’isoles et ça te mures dans cette forme d’incompréhension qui ne sera probablement pas prête de te lâcher de si tôt. Tu en veux à ton père, tu en veux à cette ville, tu en veux au pays, tu en veux à la terre entière. Et tu en veux par-dessus tout à ta mère. La marque au fer rouge sur ton âme forge petit à petit le caractère révolté et difficile d’un jeune être qui n’a rien demandé et se retrouvant face à tout un avenir qu’on lui demande de forger tout en se le voyant imposé. Oui, tu es un esprit perdu face à ce qui lui est enlevé autant que étouffer par la manière qu’il doit d’accepter cette même perte tout en se tournant vers ce qui est face à lui. Grandir trop vite. Souffrir de peine et d’incompréhension. La rancoeur qui alimente un besoin de révolte et de colère. Les années à venir ne seront clairement pas des plus calmes pour toi, qu’importe !

(father) le besoin de son attention et de sa présence n’ont d’égal que la rudesse des rapports existants entre vous. Il fut autrefois ton modèle et ton héros avant de devenir ton seul et unique parent, tentant de te guider par une imposition de choses, de vérités, de valeurs et autres choix à faire. Vouloir ton bien en te prenant à rebrousse poil, pendant que lui gère son existence comme son travail : viser la productivité, le succès et la rentabilité à tout prix. Homme à la nature fondamentalement sage, réfléchie, bienveillante mais dont les expressions ne t’atteignent pas de la bonne manière. Il est ton père. Tu le rejettes lorsqu’il t’oblige mais cherche son attention dès que tu tentes quoi que ce soit. Tu piques des colères et des caprices pour capter son intérêt. Tu te cherches à travers de multiples activités juste pour guetter son approbation. Il veut te conduire dans un sentier déjà tout tracé qui ne te convient pas, que tu ne désires pas. Le chef de famille impose des décisions sur lesquelles tu n’as aucun pouvoir. Sensation de n’être qu’un individu tenu en laisse qui n’a jamais rien à dire, si ce n’est à hocher de la tête. Tu le détestes plus facilement que tu ne lui exprimes ton amour. Il te sermonne plus souvent qu’il ne te prend dans ses bras. Il ne facilite rien mais tu ne lui accordes aucun faux pas non plus. Deux êtres entêtés alors que tu n’as toujours et encore rien que lui. Tu as déjà essayé de t’ouvrir à son univers professionnel, à sa passion immobilière et à l’entretien de l’héritage familial… Mais il n’a jamais le temps d’en faire de même lorsque tu lui parles de tes dessins, de ce que tu t’amuses à écrire ou de ce que tu inventes au travers de ton imaginaire et de tes rêveries. Alors, tu abandonnes. Le statut-quo se maintient entre le businessman toujours en route et le jeune ado se rebellant dans sa bulle asphyxiante et anxiogène.

(mother in law) tu as treize ans lorsque tu fais la connaissance de Julia. Au départ, c’est une simple amie de ton père. Elle vient passer un après-midi à la maison. Puis un second. Puis elle reste une nuit. Parfois une autre. Et si elle ne vient pas, il arrive à ton père de rester chez elle pendant que tu as la maison pour toi tout seul le temps d’une journée ou d’une nuit. Elle accapare toute cette attention que tu n’as jamais su avoir de ton père. Elle lui fait avoir des sourires que tu n’as jamais vu apparaître depuis la mort de ta mère. Elle le rend plus jovial, plus vivant, moins ‘con’ dans ta perception d’adolescent. Mais elle te le vole. Aussi injustement que ta mère est partie, elle vient s’incruster dans votre quotidien sans que tu n’aies ton mot à dire. Qu’est-ce qu’elle vient faire là? De quelle droit elle se permet de venir te poser des questions et jouer la toute gentille en cherchant à s’immiscer dans ta propre bulle? Pure hypocrisie pour faire plaisir à ton père? Juste un numéro de façade pour s’assurer de rester une nuit de plus à la maison? La vérité, c’est que tu la juge et la condamne dès le premier jour sans lui accorder la moindre chance. Pourquoi serait-ce à toi de faire des efforts de toute façon? C’est elle qui cherche à investir un territoire ne lui appartenant pas. Pourtant, elle n’a rien de désagréable, tant dans le physique que dans le comportement surtout. Mais ça reste une ennemie. Ca reste la première femme qui se présente à toi pour combler une place qui appartenait à la seule personne que tu souhaites revoir. Elle n’est pas ta mère. Elle ne le sera jamais. Et cette place ne sera jamais la sienne !

(oakwood) cette ville est un cauchemar pour toi lorsque tu y arrives. Plus que la place de ta mère, Julia a réussi jusqu’à te voler la ville natale de ta mère et te forcer à les suivre dans cet enfer de bouseux. Toi qui est habitué au rythme incessant de la ville et de trouver tout et n’importe quoi dès que tu poses le regard quelque part, ça te file un désagréable et violent électrochoc de te retrouver dans une petite bourgade où le temps semble s’écouler en mode vieillot et où, surtout, le temps semble surtout s’être arrêté tout court vu l’aspect rupestrement pittoresque de tout ce qui t’entoure. T’as pas envie de pourrir dans un repaire de vieux croulants ou d’en devenir un avant l’heure. T’es jeune, t’as besoin de vie, t’as besoin d’énergie, de vitalité, de vitesse, de hargne, d’ardeur, de fougue… Et pas juste de vivre à la mode baba cool où il ne faut surtout pas se presser. Bien évidemment, ta vision des lieux est totalement déformée par tes propres ressentis et multiples à priori qui, à l’instar de ceux envers Julia, ont tout juger et condamner avant même que tu ne leur laisse une chance ! Tu joues quelques temps avec ta propre patience et les apparences mais, en définitive, tu en as juste marre. Tu as presque dix-sept ans? Pourquoi tu devrais continuer de supporter ça? T’es en âge de prendre tes décisions, de te prendre en main, de te gérer et de pouvoir décider pour toi. Pourquoi rester ici si ça te rend si mal?

(run away) tu prépares un sac avec des affaires. Tu te sers discrètement dans le sac de Julia et le portefeuille de ton père de quelques billets. Tu enfourches ton vélo et te barre de là en prétextant une simple balade durant tout l’après-midi. Tu sors d’Oakwood, tu longes Bristol et tu files vers Cardiff. T’en as pour trois, voire quatre heures. Mais tu t’en fous, ça ne te fait pas peur. Tu trouveras bien une porte ouverte chez l’un de tes anciens potes ou quoi. Sauf que les heures passent. Tu arrives à destination mais ne trouves aucune main tendue. Tu te prends une belle claque dans la gueule en voyant que rien ni personne n’a les ‘moyens’ de t’accueillir. Contrecoup violent de mille certitudes volant en éclat. Hors de question de faire marche arrière. Mais incapable de prendre une décision quelconque sur l’instant, tu cherches un semblant de réconfort en te dirigeant vers ton ancienne maison. Elle est habitée, tu n’y a plus ta place. Tu ne sais pas quoi faire. Tu finis par atterrir dans le parc près de ton ancien chez toi. Tu te poses sous un arbre, tu te recroqueville et tu craques en te sentant comme la dernière des merdes. Trop d’émotions. Trop de bouleversements. Trop de choses contenues depuis si longtemps. Et alors que tu ne sais pas pendant combien de temps tu relâches tout et te lamentes, un bras se pose sur tes épaules et une voix résonne à tes oreilles. Ce n’est peut-être pas celle que tu attendais, ni ne voulais, mais c’est celle qui est venue jusqu’à toi : Julia. Tu ne sais pas quoi faire, tu ne sais pas comment réagir. Instinctivement, tu restes dans cette agressivité presque naturelle développée à son encontre. Sa douceur cherche à t’atteindre mais tu lui refuses. Alors tu te retrouves dans un volte face à bâtons rompus. Sans se vouloir être ennemie, elle te remet lourdement à ta place, toi ainsi que tes idées. Elle t’ouvre les yeux dans une confrontation où elle te met dans les cordes à faire ressortir ta frustration, ta colère, ta rancœur tout en perdant peu à peu pied dans l’absence de véritables raisons et même d’arguments… Si bien que c’est finalement en pleurs qu’elle te récupère dans ses bras et t'étreins alors que tu laisses enfin s’exprimer tout ce qui te ronge depuis tes six ans.

(second chance) c’est un fait : Oakwood est ton nouveau foyer. Tu te dois de l’accepter et de faire avec. La remise à zéro des compteurs avec ta belle-mère a eu le mérite de faire un peu table rase de tes révoltes incessantes et aliénantes. Tu ne regardes pas ce nouveau lieu de vie magiquement comme s’il était soudain le plus bel endroit du monde… Mais tu acceptes de faire taire tes aprioris et de donner une chance à cette vie sous tes yeux. Tu prends de plus en plus tes marques dans le lycée de la ville. Tu côtoies les infrastructures sportives présentes. Tu commences à t’intégrer en rejoignant un club de natation. Il parait que c’est une mode et une tradition de se caser dans un club ou une association ici… Au moins, c’est certain que cela ne peut qu’encourager de nouvelles rencontres et interactions sociales. Julia t’invite d’ailleurs à venir trainer du côté du petit groupe d’artistes près duquel elle va trainer de temps à autres. Un talent pour le dessin qui ne passe pas inaperçu. Tu te retrouves alors entourer de personnes capable de t’apporter de nouvelles choses et de faire évoluer ses prédispositions naturelles pour l’art du crayon. Tu te rends de plus en plus compte qu’il y a plein de bonnes choses qui t’entoure ici et, en définitive, il ne te faut pas une éternité pour commencer à apprécier de vivre ici. De vivre pour toi et par toi-même. Sans être encore et toujours tenu en laisse par les volontés de ton père, et sans te sentir hanter par un passé non résolu et toujours en travers de la gorge. Oakwood t’apporte beaucoup de bien derrière sa simple apparence parfois trop simple, trop désuette ou non conforme à la mode des grandes villes. Et peut-être que les grandes villes ne sont pas tellement un endroit pour toi vu que tu trouves de plus en plus un équilibre et un confort de vie et d’esprit que tu n’as jamais pu ne fut-ce qu’effleurer auparavant…!

(heart’s family) Ils sont trois. Trois autres jeunes de ta tranche d’âge. À l’inverse de toi, ils semblent issus de Oakwood. Ta route a croisé la leur après tes débuts difficiles ici-même. Il n’y a rien à expliquer : le feeling et la compréhension sont passés directement entre eux et toi. Ils sont rapidement devenus les premiers avec qui tu t’es mis à traîner pour finalement devenir les deux sœurs et le frère que tu n’as jamais su, ni pu avoir. À eux trois, ils symbolisent plus que la ville elle-même cette notion de foyer qui est la tienne. Il ne se passe pas une journée sans que tu ne contactes l’un, que tu vois l’autre ou que tu finisses par traîner avec le dernier. Si tu es un battement de coeur, ils sont le souffle de ta respiration. Si tu es une mélodie, ils sont ta partition. Si tu es un lit, ils sont l’eau de la rivière qui s’y écoule. Et, surtout, si tu es le dessin, ils sont toutes les couleurs qui viennent le rendre vivant et l’animer de toutes leurs forces. Ils sont cette famille de coeur que tu as du mal à quitter durant tes trois années d’études universitaire. Lubie de ton père que tu obtiennes au minimum un diplôme d’études supérieures. Ton choix s’est tourné vers la communication et le journalisme. Et pourtant, malgré ton assiduité en cours, tu n’avais de cesse que vouloir retrouver les trois autres membres de votre quatuor. Car sans eux, rien ne va. Car sans eux, rien n’est pareil. Car sans eux, il n’y a pas de vie, il n’y a pas de couleurs, il n’y a pas de rires et il n’y a pas de monde dans le creux de vos mains que vous pouvez entièrement refaire…

(this is life) le temps s’est écoulé. Les années ont passé. Les sept années depuis lesquelles tu es arrivé ici ont été hautes en couleurs et riches en évènements. Outre tes études universitaires et tout ce que tu as pu traverser avec tes amis, ta famille a presque failli s’agrandir pour finalement se fragiliser. Des projets de bébé entre ton mère et ta belle-mère ont presque cimenté plus que jamais le cocon familial. Mais les échecs incessants ont finalement eu raison de leur volonté et de la proximité vous unissant tous les trois. Tu avais pourtant presque recréer un véritable lien père-fils comme tu n’avais jamais osé en rêver. Mais il a repris le confort du travail et l’obsession de son métier. Tu sais qu’il n’utilises cette fuite que pour noyer davantage ses désillusions ou, tout du moins, tu t’en convainc. Julia, ta belle-mère, est presque devenue comme une meilleure amie avec qui tu passes autant de temps qu’auprès de tes amis. Tu l’as encouragé dans la reprise de l’auberge et n’hésites jamais à lui donner un coup de main les fins de semaine. Tu as réussi à décrocher une place dans le journal de la ville depuis quelques mois où, du haut de ta plume, tu continues à travailler à la pige en te professionnalisant au fur et à mesure. Tu ne cesses de vouloir profiter de chaque journée en compartimentant ton temps autant que possible pour tirer profit de chaque minute et de chaque seconde. Tu aimes cette ambiance slow life alors que tu es paradoxalement quelqu’un qui veut toujours faire plein de choses à la fois. Tu te sens surtout bien, heureux, apaisé et épanoui avec deux aspects à mettre néanmoins en exergue. Cette sensation de vide qui ne t’as jamais quitté, même au détour de tes flirts souvent trop éphémères. Et cet inconnu de ce que sera le lendemain. Pas celui direct et à court terme, mais celui de cet avenir qui devra inévitablement se dessiner un jour…


infos en vrac
(+) tu fais partie de ces anciens adolescents qui ont ressenti le besoin de s’essayer à la musique durant ladite adolescence. Tes doigts se sont plus d’une fois attardés sur la pratique du clavier, du piano, demeurant encore un utilisateur occasionnel n’étant ni mauvais, ni exceptionnel dans l’exercice (+) tu aimes le sport et en fais très régulièrement. Tu t’es surtout initié à la boxe pendant trois années avant de quitter Cardiff pour la ville de Oak. Depuis, tu n’as plus eu l’occasion d’en pratiquer en club. Tu conserves toutefois un sac de frappes contre lequel tu t’adonnes au minimum deux à trois fois par semaine (+) film comme musique, tu es généralement un assez bon public, mais tes plus gros coups de coeurs font partie de ce que tu considères comme tes trente glorieuses, comprenant les décennies 80, 90 et 2000 (+) gamer amoureux de challenge, tu ne te prives jamais d’une session détente devant la console. Tu as une préférence pour les jeux narratifs ou représentant un véritable défi (+) tu connais les grands classiques Disney par coeur, moins depuis l’apparition des apparitions en 3d. Tu restes un grand fan des longs métrages animés de la firme aux grandes oreilles et connais la plupart de leurs chansons presque par coeur (+) bien que piètre chanteur, tu adores les karaokés et ne résistes jamais à y attraper le micro pour y pousser la chansonnette (+) bien que ton père ait insisté pour que tu passes le permis et qu’il a financé l’achat de ton véhicule, tu te déplaces pratiquement tout le temps en vélo (+) tu aimes dessiner le soir pour représenter une personne ou un événement qui t’as marqué durant la journée ou les derniers jours, le tout en laissant généralement tourner des séries ou des vidéos Youtube (+) le combo pancake fraise et sirop d’érable est ce que tu préfères déjeuner (+) si tu ne veux pas en faire ton métier, tu sais très bien cuisiner et tu aimes prendre le temps de préparer de bons petits plats, surtout si c’est pour les autres ou pour faire plaisir (+) en journée, comme en soirée, si l’occasion se présente ou que le besoin se fait ressentir, tu aimes t’allonger et simplement fixer le ciel, sans penser à rien, contemplant juste bleu profond, nuages ou étoiles (+) tu conserves un carnet depuis près de cinq ans dans lequel tu continues de gribouiller des idées par-ci et là, tu l’utilises comme une grosse source de réflexion et d’inspiration (+) grâce à l’Aquarelle Club, tu t’es essayé à la peinture mais surtout perfectionné les techniques de colorisation (+) tu rêves sans cesse de vivre sur un bateau, en bord de mer, à la fois entre la terre et la mer, le long des Jersey Docks (+) tu gardes précieusement un album photo contenant une multitude de clichés de ta mère durant ses jeunes années et du temps où vous avez vécu avec elle (+) la soirée de tes rêves ne se passe pas dans des endroits chics ou entourés de gens de la haute, mais elle se passe autour d'un feu ou d'un barbecue en pleine nature, de la musique, de la boisson, des amis, bref, ce qu'il y a de plus précieux sur terre !