D e a r  E m y.
"Si cette nuit, je venais à disparaître,
il est important que tu comprennes qui j'étais,
pour savoir qui tu es."

F a m i l y.
Si je devais utiliser un mot pour décrire mes parents, ce serait peut-être la frustration. Je n'ai jamais eu à douter de la véracité de leur amour, mais je ne peux oublier à quel point maman a dû mettre sa vie de côté pour pouvoir s'occuper de nous trois à plein temps. Ce qui je suppose ne devait pas être une mince à faire, mais je sais à quel point elle aimait ce travail qu'elle n'a jamais vraiment pu exercer si ce n'est par procuration à travers ma jumelle Nerea. Je pense que comme toutes les familles américaines, nous avons notre petit côté dysfonctionnel. Papa lui n'était pas toujours présent au sein de la demeure familiale plus préoccupée par son travail au sein de l'armée que par mes cours de danse... Je pense finalement qu'il y a toujours eu cette petite dualité entre nous. Je ne sais toujours pas si aujourd'hui, il approuve mon métier, mais une chose est sûre, il reste son sujet de discussion favori pour attiser ma colère. Par chance maman, elle m'a toujours soutenu. Il y a toujours eu ce lien unique qui nous rapproche les soirs de pleine lune pour admirer les étoiles et profiter de ses quelques minutes de silence qui nous sont si bénéfiques, pas de mots, dans ses moments-là un simple regard suffit pour nous comprendre. La place du milieu n'est jamais la plus simple, mais je ne m'en pleins pas vraiment. Juan est arrivé le premier. Il a préparé le terrain face à une nouvelle des plus inattendues. Un retour de couche et neuf mois plus tard nous voilà Nerea et moi.

W o r k.
Je ne serais jamais de ceux qui prétendent que ce travail n'est purement alimentaire. Le journalisme est pour moi une véritable passion et je te souhaite d'un jour pouvoir trouver ce métier qui te correspond et qui arrive à te faire sourire chaque jour. Je ne vais pas te mentir en te disant que tout fut facile. Qu'avec un simple sourire, j'ai obtenu cette promotion si convoitée. Non, ce ne fut pas le cas. Je n'ai pas compté le nombre d'heures passées devant cet ordinateur à recommencer inlassablement cet article tant la tournure des mots ne me plaisait pas, ni le nombre d'heures a tenté d'obtenir l'interview de l'année. Sans compter les rubriques qui ne me correspondent pas vraiment et auxquelles j'ai dû y faire figurer mon nom sans grande conviction, je te l'accorde.

Y O U R  F A T H E R.
Je n'étais pas sûr de vouloir aborder son sujet, mais pour toi, il le faut. Tu es tout de même le rayon de ma vie, mais surtout la preuve que cet amour fut véritable. La fin fut une autre histoire, mais je ne prendrais pas la peine de l'écrire ici tant, la blessure est encore trop grande. Papi serait peut-être le seul content de cette rupture après tout, il ne l'a jamais vraiment aimé. Comment sa propre fille pouvait tomber sous le charme d'un "voyou". Un énième point de dispute, mais à mes yeux ce n'était pas le cas. Ton père était bien plus que ça. Je n'oublierai jamais la manière dont nos regards se sont croisés pour la première fois sous cette pluie battante. Il était aux alentours de vingt-deux heures quand en voiture un bruit assourdissant vint me sortir de ma torpeur suite à une énième dispute avec Papi, sache qu'une voiture sur trois roues ne te mènera jamais nulle part... J'ai donc tenté de changer ce pneu sous une pluie battante. Ton père lui n'a rien loupé du spectacle prenant un malin plaisir à me voir galérer, à me voir jurer contre cette voiture de m'avoir abandonné au plus mauvais moment. Il a tout de même fini par venir m'aider en me voyant grelotter de froid. (il a tout de même un bon fond quand il le veut bien.) M'offrant un chocolat chaud dans ce café où il était parfaitement installé pour profiter de la scène. Je ne saurais t'expliquer comment il a fait ce soir-là pour faire de ce mauvais moment une soirée idyllique. Il a ce don de me faire rire comme personne. Présent dans les bons comme les mauvais moments, il ne m'a jamais laissé tomber. Sa muse comme il aimait me surnommer. Je n'ai pas vraiment compris ce retournement de situation. Cette douleur qu'il a laissée dans mon cœur en nous abandonnant de la sorte. Je ne le comprendrai jamais.