"let me stay tender hearted, despite despite despite."  


tw : violence parentale, maladie dégénérative.


Encore une fois, des valises faites à la hâte. Un début de vie avorté, les aiguilles de sa montre s’affolent. Le train pour Bristol part bientôt.

L’état de Mum s’aggrave. Les médecins ont dit qu’il fallait qu’elle change d’établissement, qu’elle intègre un endroit plus spécialisé pour sa condition avec du personnel qualifié selon sa pathologie. Débarqué du train, il sait déjà où il se rendra ; à son chevet. Il se demandera alors quelle personne il sera à ses yeux aujourd’hui ; son fils, son frère, un inconnu qu’elle tentera de connaître, quelqu’un venant l’agresser. Chaque venue est toujours un peu plus difficile, pourtant son sourire s’efforcera de rester le même lorsque son pied passera le pas de la porte. Il sait que plus rien ne sera comme avant, et qu’elle ne reste que l’enveloppe physique de la personne à qui il a voué une affection sans bornes. A qui il la vouera toujours bien qu’elle soit devenue étrangère. Et tous ces changements de vie, il se dit qu’il doit les faire pour elle. Après tout, il a l’impression de n’avoir eu qu’un seul parent . Le sentiment de rancune ne lui est pas familier, et pourtant il lui en veut à Dad. Il lui en veut de n’avoir pratiquement jamais assisté à ses anniversaires, il lui en veut de l’avoir fait déménager tous les ans pour une nouvelle ville sans avoir le temps de planter tes racines, il lui en veut de ne lui avoir jamais enseigné quoique ce soit à part la rigueur, la droiture, les bonnes manières. Il lui en veut pour les claques qui se perdaient quelquefois s’il avait le malheur de répondre, si une mèche était plus longue que l’autre, si sa chemise n’était pas correctement rentrée dans son pantalon. Il lui en veut pour toutes les attentes inconcevables et irréalisables qu’il avait vis à vis de lui. Il lui en veut pour les graines de peur qu’il a semées en lui, qui ont grandi en lierre étouffant et qui, des fois, vient serrer son cœur et sa gorge un peu trop fort à la manière d’une nasse de fer. Heureusement, il y avait Mum. Une artiste, une femme un peu excentrique, exubérante, jugée par les autres à tort tout ça parce qu’elle aimait la vie et qu’elle en était l’incarnation. Il n’a jamais compris comment Dad et elle avaient réussi leur mariage ; personnalités diamétralement opposées. Et quand Dad partait en déplacements professionnels, c’était les moments bonheurs. Les vacances en France, doux étés bercés par l’air normand. Des veillées sur la plage à guetter les constellations, la pêche aux crabes et crevettes à marée basse. Sa passion pour la mer lui est venue à cette époque, quand Mum lui contait les aventures de Jules Verne et autres marins aventuriers.

Cambridge, l’Ecosse, Londres, et maintenant Bristol. Tant de villes qui s’ajoutent à ses lieux de vie, certains appelleraient ça une chance, lui appelle ça les obligations. A ses vêtements dans ses valises s’ajoutent ses espoirs, déceptions et regrets de ne jamais avoir pu finir ce qu’il a commencé. Un bruit derrière lui le pousse à se retourner ; il aperçoit dans l’entrebâillure de la porte les cheveux roux de la jeune femme qui l’accompagne depuis ses débuts dans ses périples non choisis. Si la chance tourne rarement en sa faveur, elle a su le remarquer ce jour-là en mettant l’Ecossaise sur son chemin.  

MORE ABOUT YOUR LOCAL AWKWARD BOATMAN – écriture atroce, coup de crayon encore pire – coffee lover addict – joue du saxophone à ses heures perdues – guilty pleasure : billy joel songs – mal des transports routiers – se sert très peu (et mal) de son téléphone portable (nokia3310 aesthetic) – cétacés comme special interest – bingewatch tout ce qui est historique –bordélique – everyday is a scruffy hair day -  chaussettes dépareillées – n’a jamais passé son permis de conduire – façonne religieusement chaque hiver des boules de graisse pour les oiseaux – livre préféré : vieille édition miteuse du Vieil Homme et de la Mer raturée de coups de stabilos et de notes dans la marge – black cat luck – excelle bizarrement en cuisine mais ne se nourrit que de cheese toasties – mains marquées par le travail des cordes et du cambouis – se débrouille bien dans la langue de Molière