(-) abandon c'est un jour froid, en plein hiver, que tu poussas ton premier cri. froid comme l'ambiance. froid comme ta mère, celle qui t'a pourtant porté durant neuf longs mois. elle était trop jeune pour être mère. et elle n'était pas prête. elle avait appris ton existence un peu trop tard et était dans l'obligation de te donner la vie. mais, elle ne voulait pas en faire partie de cette vie là. pourtant, elle était entourée, aussi bien que c'était possible. ton père était présent aussi. et malgré qu'il entrait à peine dans l'adolescence, il aurait aimé tenir ce rôle toute sa vie. il avait beau tenter de faire changer d'avis ta mère, elle avait déjà fait son choix. tu es née avec une moitié d'amour. tu es née sans nom de famille. tu es née avec pour seul prénom, une lettre X. au dernier moment, exceptionnellement, ton père demanda à ce que tu portes le prénom zephyr. prénom de ton grand-père et ton arrière grand-père paternel. il reste ton seul souvenir de ta réelle identité. (-) foyer et famille d'accueil ta vie a été remplie d'escales. tu as fréquenté une dizaine de familles d'accueil. enfant de l'état, tu n'as jamais su trouver ta place. pourtant, petite t'as failli être adoptée. et puis la famille s'est ravisée au dernier moment, préférant une jolie petite poupée plus jeune que toi. t'as pas eu le temps de t'habituer réellement à une famille. à chaque fois que tu commençais à t'y attacher, il fallait tout reprendre à zéro. retour à l'envoyeur. au foyer. les familles ne te trouvaient pas assez docile, pas assez douce. sans parler de celles qui te trouvaient un peu trop bronzée pour pouvoir intégrer la famille idéale. (-) fille à son papa t'as treize ans quand tu apprends l'existence de ton paternel. quand tu apprends toute l'histoire. qu'il t'aimait et qu'il voulait de toi. t'aurais du attendre ta majorité pour connaître ton histoire. mais toi, t'avais besoin de savoir ton passé. tes origines. t'avais besoin de pouvoir avancer. il a fallu treize ans pour savoir enfin d'où tu venais. t'as fondu en larmes dans ses bras quand vous vous êtes rencontrés pour la toute première fois. ta couleur de peau, tes cheveux crépus, ton amour pour la musique et les dessins, ta générosité et ta colère. tout ça, c'était l'héritage de ton père. et c'est aussi à ce moment-là que tu as appris pour le deuxième prénom sur tes papiers d'identité. à partir de ce jour, tu ne voulais plus qu'on t'appelle diana. tu étais zephyr drizzled, peu importe ce que pouvait dire l'état. (-) l'errance t'avais tout pour être heureuse jusqu'à ce qu'on te fasse remettre les pieds sur terre. malgré les retrouvailles émouvantes avec ton paternel, tu n'avais pas le droit de le fréquenter. il n'avait pas le droit de te récupérer. aux yeux de la loi, il n'avait aucun droit sur toi. et pourtant, t'avais clairement besoin de lui dans ta vie. c'est à ce moment-là que ton cerveau a complètement déraillé. t'as plus jamais accepter une famille d'accueil. ton père n'était pas loin et c'était le seul à pouvoir te donner des ordres ou te faire des leçons. tu n'as fait que ça de t'échapper de ce système. à chaque fois, tu fuguais pour retrouver ton père. et à chaque fois, il finissait par te ramener à contre-cœur après t'avoir héberger quelques jours. tu comprenais pas toi, alors t'as fini par ne plus y aller. t'as fini par dormir là où tu pouvais. là où on t'acceptait. ton père que tu aimais tant, te repoussait à chaque fois. grosse désillusion. (-) les liens du cœur t'avais aucune famille. personne de ton sang qui voulait de toi. alors, tu t'es créé ta propre famille. tes trois potes. c'était désormais eux ta famille. eux pour qui tu serais capable de tout. vous n'aviez pas besoin de vous parler pour vous comprendre. frères pour la vie. vous n'étiez pas du genre à parler de vos sentiments mais bon dieu, tu les aimais ces trois-là. ils t'apportent tout ce qui te manquait dans la vie. et toi, tu les remercies en les prenant h-24 dans les bras. t'avais ce besoin-là avec eux de les toucher, de les sentir, de les tenir. et ils n'avaient plutôt pas intérêt à te laisser dans un coin. (-) ah l'amour durant tes escapades, tu l'as rencontré lui. ce mec qui t'a accueilli les bras ouverts. celui qui t'a passé son sac de couchage une nuit glaciale alors qu'il n'avait que ça pour se couvrir. lui qui était le même que toi. ton double. ton ami. ton talon d'achille. chaque nuit, tu dormais dans ses bras. et chaque matin, il te réveillait d'un baiser sur le front. il n'y a jamais eu plus entre vous. trop pudiques peut-être. trop peur de t'attacher et de le voir s'en aller. vous étiez dans votre petit monde à deux. et pourtant, il y en a eu des disputes entre vous. parce que tu supportais pas quand il buvait un peu trop. ou qu'il se tuait la santé avec ce qu'il appelait ses cigarettes magiques. tu voulais qu'il soit là, toujours près de toi. mais, c'est rare les gens qui s'accrochent à toi. un matin, il ne t'a pas réveillé par un baiser. c'est le bruit qui te ramena à la conscience. et l'image de cet homme remballant toutes ses affaires t'affola au plus haut point. il ne t'a pas donné de réelles explications. juste qu'il devait partir. et qu'il espérait que vous vous retrouveriez un jour ou l'autre. c'était il y a quatre ans. et tu ne l'as jamais oublié. au fond de toi, tu l'attends encore. (-) maladie t'es pas une grande adepte des médecins et de tout ce qui les entoure. t'as plutôt tendance à te soigner avec des plantes si jamais tu te sens mal. ou à juste laisser faire le temps. la maladie est bien venue toute seule, elle saura repartir seule. c'est ton crédo. vraiment mauvaise cette idée. parce qu'il y a un an, tu t'es retrouvée branchée de partout. y'avait clairement quelque chose qui n'allait pas et t'avais pas d'autre choix que de laisser faire la médecine. insuffisance rénale qu'on t'a diagnostiqué. ton rein était en train de mourir à petit feu. il va t'en falloir un nouveau. tu ne peux plus passer à côté. et en attendant, t'es bonne pour faire des dialyses chaque semaine. quand tu daignes t'y rendre. ce qui est une autre histoire. parce toi t'as pas envie d'être régie par cette maladie. pas envie qu'elle te change. tu veux pas te laisser abattre. toute ta vie tu t'es battue et tu continueras sur la même lancée. t'es pas à plaindre, tu veux pas passer pour une pauvre malheureuse. c'est juste une nouvelle étape de la vie. puis la maladie, elle fera comme tout ceux qui t'ont approché. elle s'en ira loin. mais en attendant, et sans savoir vraiment pourquoi, tu viens d'envoyer un sms à ton père. sept ans après votre deuxième séparation. t'as peut-être peur au fond de toi. mais tu ne l'avoueras pas.

(+++) petit un. tu possèdes un petit corps de ferme comme lieu de vie. pas de grandes fioritures. vie simple. meubles récupérés ici et là. certains en palette. faits mains. pas besoin de plus. une pièce consacrée au rassemblement entre potes. flipper, billard et sport à la télé. panier de basket dans les toilettes. bières et pizzas comme nourriture. petit deux. ancienne ferme signifie animaux. c'est tes meilleurs colocs. un chien, Mr. Dog, deux chats, Virus et Morveux. un lapin, qui est apparu tu ne sais comment. et puis Bacon. ton cochon de compagnie. aussi bien vu que ta famille. pour lui, t'as arrêté de manger du porc. Bacon, il t'accompagne partout. bon, à part quand tu vas faire un jogging. il préfère se taper une bonne sieste le gros porc. petit trois. t'aimes les vieux trucs, polaroid, vinyles et tourne-disque, machine à écrire. d'ailleurs, tu as une collection de vinyles immenses. petit quatre. tu possèdes un vieux combi-van et pourtant, tu n'as pas le permis. t'as forcément besoin des autres pour jouer le taxi. petit cinq. tu dessines ou fait de la guitare à tes heures perdues mais, ce que tu préfères faire, c'est de tester de nouvelles recettes salées ou sucrées. tu aimes plus que tout être derrière les fourneaux. petit six. tu adores tout ce qui se rapproche de près ou de loin à disney. walter disney est ton idole et tu regardes un de ses chefs-d’œuvre tous les soirs. d'ailleurs, tu connais toutes les chansons par cœur. petit sept. tu t'endors forcément avec le pouce dans la bouche et en serrant fort contre toi ton petit mouton blanc, seul souvenir de ton passé. petit huit. t'es une crack à mario kart. t'adores jouer aux jeux vidéos ou faire des soirées jeux de société.