001. Elle a toujours le premier et seul téléphone portable qu’elle ait jamais eu. Vieux Nokia N95 oublié sur une table de Thornbury la plupart du temps, souvent déchargé de toute façon. Elle n’en connaît même pas le numéro de téléphone. Mieux vaut la contacter directement sur le téléphone du manoir et lui laisser un message. 002. Son appréhension de la technologie moderne a causé un singulier isolement, ses amis arrêtant parfois (et de manière compréhensive) de faire l’effort de s'accommoder à elle. Heureusement, elle est dotée d’un caractère particulièrement agréable, gentille, douce, calme, pour peu que l’on rit de sa déconnexion, il reste encore des personnes qui apprécient de l’avoir dans son entourage. Aussi n’est-elle pas complètement recluse. 003. Elle a toujours aimé l’eau. Son père aime à dire qu’elle nageait dans le lac avant de savoir marcher. Elle y nage encore en été. Elle a cependant toujours refusé de faire de la compétition, qu’elle a en horreur. Elle ne fait de l’aviron que pour faire partie d’une équipe, se sentir moins seule, mais elle n’est jamais à l’aise lors des épreuves. 004. Elle a conscience de faire partie de l’élite, conscience de son statut de privilégiée, mais cela reste assez flou. Elle a toujours eu ce qu’elle voulait et plus, toujours été gâtée. Elle n’a aucune conscience de ce que l’argent représente, de combien il en faut pour pouvoir vivre. Elle sera donc incapable de lire les signes subtils indiquant que quelqu’un puisse avoir besoin d’aide, et au contraire, peut parfois faire preuve d’une générosité démesurée et offrir 200£ sans battre un cil. On peut lui reprocher de n’avoir jamais travaillé, ce qui aurait été une bonne façon de se rattacher à la réalité, mais son père l’en a toujours préservée. Elle ne songe à devenir archéologue ou conservatrice de musée que par envie et non par besoin. 005. Elle aime écrire, son journal, mais aussi des lettres, et a envoyé nombres de jolies cartes postales à ses amis proches ou éloignés lors de ses voyages. 006. Du a ses pratiques internet déplorables, voire inexistantes, il n’est pas rare que ses amis l’appellent “Mamie Mars” pour la taquiner. 007. Étudiante en lettres classiques, elle parle profusément le latin, qu’elle cite volontiers, et le grec. Elle voit le monde à travers leur prisme: leurs mots ont forgé l’étymologie de sa langue, leurs idéaux ont façonné les institutions de son pays. Elle y revient en permanence, et nulle doute qu’elle donnerait tout ce qu’elle a pour voyager dans le temps et revenir en Rome antique, ou à Athènes. 008. Désormais solitaire, l’argent de son père l’a rendue populaire au lycée. Des fêtes mémorables étaient organisées au manoir, pour l’obtention du diplôme, pour ses anniversaires. Elle n’avait pas la moindre idée que c’était la barraque qui attirait tant de gens, et non elle. Elle en a prit conscience désormais, et en éprouve plus de la tristesse que du ressentiment. 009. Elle accorde beaucoup d’importance à l’Histoire, au patrimoine, au devoir de mémoire. Trop de bâtiments, trop de livres, trop de connaissance se perdent faute de moyen, ou d’inattention. C’est la raison pour laquelle elle veut se tourner vers la préservation, ou l’archéologie. 010. Elle passe pas mal de temps à la bibliothèque, d’Oakwood, de Bristol, ou de Thornburry, quand elle a des recherches à faire. Elle a essayé google une fois, mais entre les résultats sponsorisés et ceux ne prenant même pas ses mots clés en compte, elle a vite abandonné. 011. Elle a un espace entre ses deux incisives, qui aurait pu être corrigé avec quelques années et des  bagues, si ce n’étaient ses caprices qui l’ont toujours tenue éloignée du dentiste, son père ne pouvant supporter ses pleurs. 012. Elle porte toujours sur elle les médailles de sa mère : une médaille de la Vierge Marie, Sainte Bénédictine et Sainte Catherine.