lights are flickering and it's always the same music

w/ @Zephyr Drizzled
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Accoudé au mur, Edwin fixait d’un œil absent la machine à café remplir son gobelet dans un bruit assourdissant. Il lui prenait très exactement sept secondes à remplir le récipient en papier recyclé. Puis, le café viendrait lui brûler les mains, ayant débordé du contenant suite à un calibrage d’appareil mal effectué. La machine recracherait les quelques pennies en trop sur sa pièce de livre sterling, et il viendrait mettre sa monnaie dans sa poche arrière de jean, dont elle ne sortira plus jamais. Drôle de procédé auquel Edwin était abonné presque quotidiennement et qu’il connaissait par cœur.
Venu rendre visite à sa mère, il lui était coutume de se rendre dans les parties communes et d’y patienter jusqu’à ce que sa mère se réveille. Cela pouvait parfois prendre quelques minutes, allant parfois jusqu’à des heures. Il lui était déjà arrivé de venir pour ne jamais franchir le seuil de la porte de la chambre ; les yeux fermés et l’air paisible derrière la vitre, il ne voulait pas retirer le masque serein et reposé qu’elle abordait. Alors, il attendait. Après tout, il n’y avait plus que ça à faire.
Et au bout d’un moment, il connaissait par connaître les habitudes de cet étage de l’hôpital. Des visages familiers aperçus souvent au détour d’un couloir. Il lui arrivait de se demander, étaient-ils patients ou comme lui, simples visiteurs ? Il observa un temps les personnes autour de lui, mais par crainte d’être jugé malpoli, recentra son attention sur son café brûlant et au goût – qu’il ne connaissait que malheureusement bien – trop amer. Cette machine n’avait vraiment rien à envier.

Trempant timidement ses lèvres dans sa boisson, prêt à se les brûler, il remarqua une jeune femme s’agacer en comptant les quelques maigres pièces dans la paume de sa main. Il aurait parié un gros billet de l’avoir déjà vue dans l’enceinte de l’hôpital, que ce soit à l’extérieur sur les bancs du square ou dans cette même pièce aux lumières jaunies et aux magazines datant du siècle dernier. Juchée devant la machine, à quelques pas de lui, elle semblait perdre patience et le presque trentenaire aurait juré l’entendre se montrer grossière. « manque… vingt pennies… » furent les quelques mots qu’il réussit à soutirer. Edwin passa sa main dans la poche arrière de son jean et fit tinter sa maigre monnaie entre ses doigts. Il les offrit à la jeune femme d’un air peu assuré. « Attendre ici est déjà assez long comme ça, pas besoin de rajouter l’avarice d’une machine à café par-dessus le marché. » déclara-t-il. Enfin, il espérait qu’elle ne pensait pas qu’il lui donnait l’aumône. Le bon fond et la serviabilité d’Edwin le caractérisaient si bien, et s'il pouvait aider à rendre la vie plus facile autour de lui, alors il le ferait de bon coeur.

lights are flickering and it's always the same music

w/ @Edwin Cairns
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c'était toujours la même chose. toujours les mêmes attentes. toujours les mêmes personnes. c'était un quotidien que tu ne pouvais plus voir en peinture. certaines fois, t'y allais en souriant. t'étais connue et reconnue par le corps médical. véritablement, tu étais toujours bien accueillie. tu ne pouvais pas te plaindre de ça. mais, sincèrement, tu préférerais les croiser ailleurs. dans le café où tu bosses, tu pourrais leur faire goûter tes bonnes petites pâtisseries. au refuge animalier où vous partageriez l'amour et le respect pour les animaux. au bar où tu finirais la tête dans le cul à base de vodka. mais, c'était toujours les mêmes blouses blanches. toujours les mêmes cathéters. toujours les mêmes encouragements et espoirs. parfois, t'avais le sourire. et d'autres fois, tu n'en pouvais plus. t'avais envie de tout envoyer balader et de ne plus franchir ces portes. ça t'arrivait même de déserter les rendez-vous. et puis mince, tu n'as qu'une vie. et t'avais clairement pas envie de perdre ton temps à espérer qu'un jour on puisse te soigner.

« oh putain, c'est pas vrai. où est-ce que je les ai foutus ? » tes mains se baladaient sur tout ton corps, espérant trouver quelques pièces qui pouvaient trainer dans une de tes poches. faisant face à la machine à café, tu essayais de rassembler avec grande peine le montant demandé. « elle me rends pauvre cette machine. il me manque vingt pennies, bordel ! » à force de la fréquenter, t'avais l'impression d'y laisser un salaire à chaque fois. t'avais beau ramasser toutes les pièces qui pouvaient trainer chez toi. le moindre penny était toujours le bienvenu. tu commençais à te résilier à ne pas pouvoir avoir de chocolat chaud cette fois-ci. tu ne buvais jamais de café. tu détestais ça. à part quand tu en mettais dans tes nouvelles recettes. mais, en boisson, tu étais encore un bébé. et tu ne buvais que les chocolats chaud. coup de cœur quand il y avait de la chantilly par-dessus.

tu pensais, qu'avec le nombre de fois où tu venais ici, tu aurais pu avoir une carte te permettant d'avoir toujours ton chocolat gratuit. après tout, t'étais l'une des plus fidèles quand même. c'est là qu'un homme vint te sauver, toi et ton envie de chocolat. il t'offrit sa monnaie, pile ce qu'il te manquait pour pouvoir les introduire dans cette foutue machine. t'étais gênée. t'avais pas l'habitude d'accepter l'aide d'autrui. toi, tu t'étais toujours débrouillée seule dans la vie. et encore aujourd'hui, t'avais tendance à faire ta forte tête pour ne pas te retrouver incapable. mais, cette machine te faisait de l’œil. tu pouvais même déjà sentir l'odeur du chocolat montait à tes narines. « oh, euh merci beaucoup, c'est gentil. » t'avais vraiment du mal à accepter les mains tendues. t'avais pas eu l'habitude d'en avoir beaucoup dans ton parcours de vie. c'était souvent les poings qu'on te tendaient habituellement. « on s'est déjà croisés par ici ? » c'était fort possible. t'avais l'impression que même ceux qui venaient pour la première fois, tu les connaissais déjà. « vraiment, si l'on pouvait faire le compte de tout ce que j'ai laissé dedans, je payerai le salaire de plusieurs d'entre eux. » tu désignas du regard de nouvelles blouses blanches qui passaient, le nez tourné vers des dossiers de toutes les couleurs. « Zéphyr, enchantée ! mais appelle-moi zézé. » t'étais plutôt du genre sociable. peut-être parfois trop même. tu ne disais pas que peut-être, il avait juste voulu être gentil mais, voulait repartir dans son coin sans te calculer. c'était trop tard pour lui. elle n'oubliait et ne lâchait jamais ce qui avait été gentil avec elle. elles étaient bien rares ces personnes-là.